« Mon tendre complot… » SE01-EP02 : Cuba libre et sensations

Mon tendre complot

Dans le dernier épisode de « Mon Tendre complot… » : Julian et Pamela en fuite des griffes de Zargo Riviera grâce à Ricky L’Anonymous, dérobèrent le décalog de Saint Julien De Pavoisieux et se dirigèrent vers le centre du Triangle des bermudes où les attendait Semaphoros, armé de la puissante télécommande Incas du Projet Haarp. 

Le cube métallique se stabilisa au dessus du tourbillon marin. Paquito del sol, le capitaine mélomane cubain du yacht, tentait sans succès de les extraire de son attraction, désireux de ne pas se voir avalé par son infâme gloutonie. Tétanisée par l’irritant et sardonique rire de Semaphoros, Pamela se sentait impuissante, le Krav Maga n’étant ici d’aucun secours. Julian, qui ne perdait jamais espoir, restait concentré devant un chewing-gum et un trombone, sachant cette combinaison habituellement payante dans les épisodes de Mike Giver.

Julian fut tiré brutalement de sa rêverie par une révélation : « Je sais » dit-il simplement.

« – Paquito, tourne à babord à 3° ouest et pousse les moteurs au maximum.

– Vous avez perdu la raison senor ! Nous allons mourrir broyés par le gyre !

Fais ce que je te dis, je te paye en bit coin sale ingrat ! » Urla-t-il en sa direction, couvrant presque le rire ininterrompu de Sémaphoros.

Paquito, s’exécuta. D’un pas décidé vers la proue du Yatch, Julian mit le chewing-gum dans la bouche et mâcha avec vigueur, les yeux vissés sur le  centre du gyre. Pamela, ne disait rien, muette comme ces êtres courageux qui savent regarder la mort en face avec dignité.

Terre plate et poésie maritime.

Paquito suait à grosses goutes. Ses yeux étaient révulsés, ses mains crispés sur la barre. Il cria frénétiquement quand il vit se former au dessus de la tête de Séphamoros juché sur son cube, un cyclone traversé d’éclairs.

Le bateau s’approchait du vide, il ne restait plus que quelques secondes avant que la bouche béante du gyre ne les avala pour de bon. Paquito sentit alors le temps se figer. le nez de la proue semblait déjà fondre dans la nuit éternelle, achevant en lui toute espérance de retour à sa terre natale, à son cuba rebelle, son cuba résistant à tous les complots de l’occident, son cuba et ses mélodies graves et chaleureuses, son cuba et la cuisse de sa grand mère lissée par les feuilles de tabac.

Mais alors que le bateau était déjà intégralement offert à l’estomac de Poseidon, il comprit que le temps ne s’était guère arrêté : il leva les yeux au ciel et découvrit stupéfait Julian tenant d’une main la proue du bateau, et par la bouche le fil de son chewing-gum irrationnellement long attaché au trombone aimanté au cube métallique. Avec une légèreté inconcevable, Julian retira le chewing-gum de sa bouche et l’enroula d’une main autour de son doigt pour se libérer la parole.

Il exulta  : « Ahahah !!! Alors ça fait quoi d’être à équidistance des bords de la terre plate ? Vous ne comprenez pas ? Le centre des bermudes est à la croisée des phénomènes ! Ici se produit une singularité magnétique, mais également une singularité de densité de la matière ! Il faut être fou pour croire à la gravité et cette construction mythologique des scientifico-fascistes qui nous aveuglent pour mieux nous tenir dans l’obscurité, Matt boylan  avait raison !  »

Le bateau se mit lentement à la verticale, Paquito resta accroché à la barre, Pamela, à l’épaule de Julian. Le chewing-gum se rétracta les rapprochant du cube, à la discrétion de Sémaphoros qui redoubla de joie s’imaginant l’équipage perdu.

Cuba libre

Pourtant rien ne se passa comme prévu. Le fil cessa de se rétracter. Malgré cette singularité physique, le yacht était trop lourd. Pire encore, le fil se détendit à nouveau et le bateau se rapprocha du vide. Prise de panique, Pamela cria « Paquito ! jette tous les objets de poids hors du navire ! ». Paquito devient soudainement grave. « Non senora, cela ne suffira pas ». « Paquito fais ce que je te dis ! » « Non signora », répondit-il d’une voix résignée en se rapprochant de Julian qui tenait toujours le navire d’une main.

Soudain, il assena un grand coup avec une manivelle à la main de Julian qui cria autant de douleur que d’effroi. Le bateau tomba lentement, comme une feuille légère au ralenti. Julian pleurait « Paquito ! Pourquoi ! Qu’as tu fais Paquito… « . Paquito, aussi lentement que le bateau s’évanouit dans l’obscurité, approcha la main de sa casquette et fit un solennel salut militaire « Combattez-les Julian et Pamela, anéantissez le Nouvel Ordre Mondial ».

Julian et Pamela n’eurent le temps de s’apitoyer davantage, le fil s’était déjà vigoureusement rétracté, les propulsant avec cette même troublante lenteur jusqu’au sommet du cube métallique, juste devant Sémaphoros.

La théorie dérange

Semaphoros cessa subitement de rire, époustouflé. Il se ressaisit, le sourire en coin. Julian et Pamela essoufflés, le regard remplit de haine et brouillé par des larmes qui séchaient aussi vite que le vent du cyclone leur fouettait le visage se dressèrent devant lui.

Sans un mot ni répit, Semaphoros dégaina sa télécommande et un éclair jaillit du cyclone. Il atterrit au pied de Julian qui bondit sur le côté. Le docteur poussa  un petit rire sec et criard de mouette, et renouvela l’opération sur Pamela qui bondit à son tour. Excité, il pointa et pressa frénétiquement la commande et les éclairs zébrèrent le cube, ratant de peu à chaque impulsion nos héros romantiques.

« Sémaphoros ! » Cria Pamela en usant de ses dernières ressources. Quand il s’arrêta nettement et l’écouta avec attention  elle se redressa et poursuivit en s’avançant lentement vers lui, vêtue de sa combinaison de cuir, longiligne et féline.

« – Tu croies en la théorie du Genre, n’est-ce pas ?

– Oui, je suis un scientifique, pas un benêt de la « manif pour tous ». répondit-il sûr de lui.

– Alors cela devrait te faire un certain effet si je t’avouais que c’est moi qui fait encore systématiquement la cuisine et le ménage pendant que Julian regarde « télé foot ».

– Si cela te convient de rester dans ta condition d’esclave, qu’à cela ne tienne ! Je n’ai que faire des égarements de votre communauté arriérée !

– Tu as tord, nous n’avons pas le choix, c’est la nature qui gouverne… Pendant que je reste à la maison, Julian va visiter des amantes qu’il possède par dizaines… 

– Balivernes, la nature n’a rien à voir la dedans c’est une construction sociale, les rôles ne sont pas décidés à la naissance ! Postillonna Semaphoros passablement ulcéré.

– Je ne suis pas d’accord avec toi. J’ai toujours aimé le rose quand j’étais petite, et je jouais à la poupée, et ceci est aussi vrai pour moi que pour ma grand mère et tous mes ancêtres femelles. Répondit suavement et avec la douceur d’une maitresse d’école Pamela.

– Ferme là ! Sale catin obscurantiste ! Tu ne vas pas balayer des siècles de progrès et de recherches en sciences sociales avec des…  »

Sémaphoros fut interrompu par Pamela qui lui trancha en un éclair la glotte avec la pointe de son talon, alors suffisamment proche de lui. Une gerbe de sang teinta sa blouse blanche et tacheta ses lunettes. Sémaphoros agonisa dans un gargouillis incompréhensible.

Two against the world.

La main inerte de Semaphoros lâcha prise sur la télécommande. Julian fit rouler son corps par dessus bord d’un  coup de pied nonchalant et le fit sombrer dans le gouffre qui se referma sur lui et l’épave du pauvre Paquito.

Les nuages furieux et circulaires laissèrent place à un ciel bleu et intense. Le cube restait quand à lui, étrangement immobile, lévitant au dessus d’une mer caressée par un vent clément.

Julian pris Pamela dans ses bras virils et l’embrassa fougueusement. Les yeux clairs de Pamela se plongèrent dans les pupilles sombres de Julian en cet instant qui sembla durer une éternité.

« Que faisons-nous dorénavant ?  » questionna Pamela.

« Nous avons été trompés, la vérité ne se trouve pas au triangle des Bermudes. Une plus grande vérité se cache insidieusement sous nos yeux. Nous devons continuer nos propres recherche et honorer les dernières volonté de Paquito : anéantir le Nouvel Ordre mondial« .

Julian pris la télé-commande entre ses mains, pressa le bouton et scanda dans une encoche qui devait servir de micro : « Amène-nous à ton créateur ».

Le cube vrombit, Julian regarda ses mains qui semblèrent s’effacer, la silhouette de Pamela devint distordue, ils perdirent connaissance.

Quand il se réveillèrent et se redressèrent sur le cube, il aperçurent un disque titanesque et lumineux se déplaçant lentement à des km au dessus de leur tête. Il irradiait cette voute bleuté qu’ils appelaient communément  » le Ciel ». Derrière ce disque  au dos de marbre, s’étendait d’Est en Ouest  et à perte de vue une muraille de glace, visible par la seule réverbération des résidus de lumière réfléchie par la mer.

Au delà de cette limite affranchissable s’étendait à l’infini la nuit ultime, le néant primordiale au delà du mur de glace qui entourait la terre plate.

PAMELA ET JULIAN REUSSIRONT-ILS A RETROUVER LE CREATEUR DE LA TELECOMANDE INCAS DU PROJET HAARP ? REUSSIRONT-ILS A DEJOUER LES PLANS DU NOUVEL ORDRE MONDIAL ET A L’ANEANTIR ? LEUR AMOUR SERA-T-IL ASSEZ FORT POUR RESISTER A LA PUISSANTE RETHORIQUE DE LA THEORIE DES GENRES ? 

VOUS LE SAUREZ DANS LE PROCHAIN EPISODE DE … 

MON TENDRE COMPLOT !

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