Afin de préparer nos petites têtes blondes aux aléas de leur long parcours éducatif, le gouvernement souhaite étendre le mode de sélection des élèves aux classes préparatoires dès la maternelle. Au programme : Dessin de motivation et une batterie de tests cognitifs et physiques.
Nous sommes en Seine Saint-Denis à l’École Maternelle Publique Samira Bellil . Dans le réfectoire principal sont appelés les enfants les uns après les autres. Sous leurs yeux, un parcours semblant provoquer chez eux une incontrôlable excitation : des tunnels en accordéons, des chevaux d’arçons, des tapis, et une pinata un peu haute. Chacun leur tour, ils y déchainent leur joie sous les encouragements de leurs camarades, dans ce dédale de mousse et d’orgie de couleurs.
A l’arrivée de cette fatigante et grisante épreuve, une femme à l’air pincé et au chignon indestructible, inscrit sur son porte document quelques mystérieuses annotations et glisse un mot dans l’oreille de la directrice, qui d’un geste maternel, guide chaque enfant dans l’une des deux files.
Au bout d’une heure, lorsque ils ont tous passé l’épreuve, les parents des enfants de la file de gauche viennent alors les récupérer, la mine défaite pour les ramener à la maison.
Quant à la file de droite, une heure supplémentaire sera consacré à des dessins et des tests qui seront encore autant d’étapes avant un dernier écrémage. Seulement une poignée d’enfants doués sera alors dans la capacité de passer en classe de CP, dans la toute nouvelle école d’excellence ouverte depuis peu dans le quartier.
Bienvenue à GATTATUBBIES
Il s’agissait bien entendu d’un scénario test conçu pour affiner les lignes d’un ambitieux projet de loi pour l’éducation. Cette dernière aurait pour objectif d’étendre le dispositif « Parcoursup » jusqu’à la maternelle.
La députée en Marche Sylvie Charrière, futur rapporteuse du projet de loi nous détail les contours du projet :
« Le président Macron et La République En Marche sont bien décidés à sortir le pays de son marasme éducatif et de le faire rentrer dans la modernité. Nous appliquerons la même logique en maternelle qu’à l’université, nous ne laisserons plus les plus capables d’entre nous appesantis par les plus faibles. Ces enfants ont le droit de faire valoir leur excellence ! ».
« Nous devions substituer la procédure informatique à un processus plus accessibles à des enfants de cet age. Nous ne sommes pas déçu du résultat ! »
Pas de bras, pas de chocolat
Une autre école test située à Chantilly s’est elle aussi portée volontaire. Les résultats sont étonnants, car le nombre d’enfants acceptés en CP est nettement supérieur à celui de Samira Bellil.
Nous avons vérifié le déroulement des tests et les avons comparé, en tous points, ils sont semblables. Cependant il apportent des résultats différents. Par exemple, seul un enfant réussit à détruire la pinata, l’inondant de pièces en chocolat et de billets de Monoply sous le regard médusés de ses camarades.
Nous nous attendions à le voir passer dans la file de droite, mais un homme en noir affublé d’une oreillette le conduisit hors de l’école et le fit entrer dans une limousine. Après de nombreux de coups de fils passés à ses parents, nous ne sûmes jamais ce qu’il en advint.